Histoires d'animal.e.s artistes

 

Naviguant constamment entre le monde des hommes et celui du monde animal, l'animal artiste peut appartenir au monde des hommes comme au monde animal.

Miriam Gablier nous conte l'histoire d'animal.e.s artistes :

Un singe entre dans l’histoire de l’art :

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En 1956, Desmond Morris, un zoologiste et peintre surréaliste anglais, offre un crayon et du papier à son chimpanzé. « Quelque chose d’étrange se dessinait au bout de son crayon. C’était le premier trait de Congo. Il l’a poursuivi un peu, puis s’est arrêté. Allait-il recommencer ? Oui. Il a recommencé, encore et encore », raconte le zoologiste. Son singe de deux ans aime dessiner et peindre. Il fait même preuve d’un certain sens de la composition. Lorsque Desmond Morris peint avec lui, Congo s’empresse de rééquilibrer la composition générale. Ce chimpanzé a le sens de la symétrie. Rapidement ses sessions de peinture deviennent régulières. Et si son maître essaie de lui retirer une toile avant qu’il n’ait fini, Congo se met à pousser des cris et à se débattre. « Alors que quand j’essayais de le persuader de continuer à peindre après qu’il ait considéré qu’une peinture était achevée, il refusait de manière catégorique ». Congo est maître de sa production. Il peindra plus de 400 toiles, qui attirent rapidement la curiosité du monde de l’art.

Son travail suscite un tel intérêt qu’en 1957, l’Institut d’Art Contemporain de Londres monte une large exposition de ses toiles, jugées d’un style « expressionniste abstrait », s’il vous plaît. Le débat fait rage parmi les critiques. Est-ce de l’art ? Quoi qu’il en soit, une peinture de Congo trône dans le studio de Picasso. Miro et Dali comptent parmi ses collectionneurs. Congo décède en 1964 mais l’histoire ne s’arrête pas là. En 2005, trois de ses peintures sont présentées chez Bonhams, aux enchères. Elles sont vendues pour un total de 26 000 dollars, vingt fois le prix estimé au départ. A leurs cotés des œuvres de Renoir et Warhol sont retirées de la vente par manque d’offres . En 2010, la dernière toile réalisée par Congo se vend pour la somme de 10 000 dollars . « Les gens semblent penser que ces peintures sont une forme véritable de créativité », commente l’un des portes paroles de Bonhams. Pour Desmond Morris, il n’y a pas de doute, l’œuvre de Congo « est véritablement de l’art dans son sens le plus pur ».

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